La Sélection du Lab #14 – Les infrastructures « vertes » comme alternative efficace et innovante aux infrastructures conventionnelles grises

Par mars 12, 2017Sélection

Chaque semaine, le Lab sélectionne un document ou un projet jugé particulièrement intéressant et pertinent et le présente en quelques lignes. Cette semaine, le Lab s’est intéressé au développement croissant des infrastructures vertes dans les milieux urbains, ruraux et côtiers présenté dans la brochure de Commission Européenne « Créer une infrastructure verte pour l’Europe ».

 

Creative commons licence, photo prise par Steve Cadman

Pour relever les différents défis de développement urbain (p. ex. gestion des inondations, gestion de l’îlot de chaleur, accroissement du bien-être), les décideurs politiques ont le choix d’investir soit dans des infrastructures dites vertes soit dans les infrastructures grises (voir tableau ci-dessous pour illustration).

Les infrastructures grises sont des ouvrages anthropiques issus par exemple du génie civil tandis que les infrastructures vertes se basent sur la création ou le développement d’un écosystème naturel dans le but est de bénéficier un ensemble des services écosystémiques. Ainsi, investir dans les infrastructures vertes revient à replacer la nature et la biodiversité au cœur des villes. Tous les espaces verts ne sont cependant pas reconnus comme des infrastructures vertes. C’est le cas par exemple des espaces verts « anthropisés » comme les gazons. Une infrastructure verte doit obligatoirement s’intégrer dans un réseau interconnecté d’infrastructures vertes et rendre un certain nombre de services.

L’un des principaux avantages à l’investissement dans des infrastructures vertes est que ces dernières sont multifonctionnelles contrairement aux infrastructures grises qui ne visent à répondre qu’un seul objectif de gestion. L’investissement dans une infrastructure verte peut à la fois :

  • Améliorer la qualité de vie et le bien-être humain en offrant un environnement de qualité
  • Améliorer la biodiversité en reliant des zones isolées et en augmentant la mobilité de la faune
  • Protéger la société du changement climatique et des catastrophes naturelles
  • Soutenir une approche plus intelligente et plus intégrée du développement permettant de concilier l’utilisation souvent conflictuelle des sols
  • Créer de nouveaux emplois et soutenir la croissance économique en cohérence avec les objectifs du développement durable grâce au développement des entreprises vertes

L’investissement dans les infrastructures vertes ne concerne pas seulement le milieu urbain, il touche aussi d’autres milieux comme le milieu rural et les zones littorales.

Dans le milieu rural, les terres agricoles exploitées d’une manière intensive ne sont pas considérées comme des infrastructures vertes. Pour être considérées comme telles, les terres agricoles doivent être gérées de manière à soutenir la biodiversité locale ou à favoriser un aménagement plus fonctionnel permettant de concilier production agricole et développement des services écosystémiques (p. ex.  activités récréatives, régulation des processus écologiques).

L’investissement dans les infrastructures vertes concerne également les zones littorales. Par exemple, le développement des herbiers contribue à une meilleure protection de la côte face à l’érosion tout en formant des puits naturels de carbone (carbone bleu). Ils constituent aussi des zones de frayères pour certaines espèces de poissons présentant un intérêt commercial.

L’investissement dans des infrastructures vertes est économiquement efficace : leur mise en place permet à la société de réduire ses coûts (p. ex. coûts évités des catastrophes naturelles grâce aux services de régulation, coût moins important d’installation, d’entretien ou de maintenance relativement aux infrastructures grises) tout en participant à un accroissement du bien-être (p. ex. utilisation des services écosystémiques à des buts récréatifs ou de loisirs). Des méthodologies sont en cours de développement afin d’évaluer les bénéfices économiques provenant des infrastructures vertes. Nous pouvons citer par exemple le libre vert publié par Jones et al. (2015) de l’institut des études économiques stratégiques de Vitoria[1] (Australie) ou le rapport de la Mission Economie de la Biodiversité (MEB) et de la CDC Biodiversité (2015)[2]. Le défi réside essentiellement à identifier un ensemble cohérent d’outils d’évaluation monétaire permettant d’intégrer l’ensemble des bénéfices procurés par les infrastructures vertes. Cependant, ces expériences d’évaluation restent encore marginales et mériteraient d’être approfondies.

Le développement des infrastructures vertes s’intègre parfaitement au concept de bio-inspiration développée par Vertigo Lab. En effet, travailler sur les infrastructures vertes nécessite d’adopter une approche systémique. De plus, ces infrastructures constituent une source d’innovation contribuant à la transition écologique et à la mise en place d’une économie circulaire.

[1] Jones, Symons et Young, 2015, Assessing the economic value of green infrastructure: green paper, Victoria Institute of Strategic Economic Studies

[2] Mission Economie de la Biodiversité et CDC Biodiversité, 2015, Infrastructures vertes urbaines et développement : vers une évaluation des impacts socio-économiques de la nature en ville, Les cahiers de BIODIV’2050 : comprendre.