La Sélection du Lab #19 – Les clusters, un outil efficace de développement territorial

Par mars 15, 2017Sélection

Chaque semaine, le Lab sélectionne un document ou un projet jugé particulièrement intéressant et pertinent et le présente en quelques lignes. Cette semaine, le Lab s’intéresse à un article « Les clusters – pour enfin tout comprendre »  paru sur le site internet des cahiers de l’innovation qui présente les clusters comme un outil efficace pour assurer le développement territorial dans le contexte actuel de mondialisation des échanges commerciaux. Sujet particulièrement intéressant et complexe, le Lab va vous aider à y voir plus clair !

La Silicon Valley, l’exemple d’un cluster réussi

 

Présentation de l’analyse des clusters

L’analyse des clusters a été développée par l’économiste américain Michael E. Porter, actuellement professeur à l’université d’Harvard, dans son ouvrage de 1990 « The competitive advantage of Nations ». Il a construit une théorie économique pour expliquer comment un territoire peut augmenter sa compétitivité dans le contexte actuel de mondialisation. L’idée originale du Pr. Porter est de montrer que la compétitivité d’une entreprise ne s’explique pas seulement par sa politique interne managériale (p. ex. gestion des charges d’exploitation pour minimiser le prix du produit) mais plutôt par l’environnement dans lequel l’entreprise évolue.

Le Pr. Porter définit un cluster comme « une concentration géographique d’acteurs interconnectés constitués d’entreprises et d’organismes institutionnels (p. ex. laboratoires de recherche et collectivités publiques) ». Le périmètre géographique d’un cluster peut être de taille variable : une ville, une région voire même une nation.

Deux types de cluster peuvent se créer : les clusters horizontaux et les clusters verticaux. Les clusters horizontaux sont caractérisés par une forte concentration d’entreprises regroupées dans un même secteur d’activités. Bien que concurrentes, ces entreprises collaborent pour financer des projets de recherche et trouver des stratégies pour exporter leurs produits. Les clusters verticaux visent plutôt à intégrer dans un même lieu géographique une grande partie des entreprises s’intégrant dans la chaine de valeur d’un produit (avec des liens forts fournisseurs / clients). Ces entreprises s’associent pour valoriser et développer davantage les produits de la filière.

Dans l’analyse des clusters, la localisation géographique des entreprises prend alors toute son importance. En effet, la mondialisation implique le développement d’économies complexes basées en grande partie sur la connaissance. Dans ce contexte, l’essor des clusters permet aux territoires de devenir plus compétitif, du fait qu’ils sont une source d’innovation pour les entreprises.

Bien que les entreprises soient entre elles en compétition, elles ont malgré tout intérêt à se regrouper spatialement et à coopérer pour gagner des parts de marché en exportant. Un territoire accueillant un cluster développe des compétences spécifiques permettant d’accroître sa compétitivité, d’innover et donc de se démarquer des autres territoires. Il est important de mentionner que ces clusters reposent sur les compétences propres du territoire. Par conséquent, un cluster développé sur un territoire ne peut s’exporter sur un autre territoire. C’est pour cette raison que la présence d’un cluster permet au territoire d’avoir un avantage concurrentiel.

 

L’intérêt de la création d’un cluster pour le territoire

Le territoire peut accroître sa richesse selon trois grands canaux comme présenté dans le graphique ci-dessous.

Les sources de création de richesse d’un territoire (les flèches représentent le sens des flux monétaires)

En agissant sur les trois canaux ci-dessus, un cluster est une source importante de création de richesse pour le territoire :

  • Il accroit la capacité exportatrice des activités du cluster
  • Il réduit la dépendance extérieure en diversifiant l’économie du territoire
  • Il incite les acteurs (entreprises, organismes institutionnels) à investir davantage dans le territoire

Les activités formant le cluster ont des retombées socioéconomiques sur un grand nombre de secteurs économiques à l’échelle d’un territoire du fait de leurs effets d’entrainements. Les activités concernées par l’existence d’un cluster sont regroupées en quatre types :

  • Les activités en amont du cluster : les fournisseurs
  • Les activités en aval du cluster : les clients
  • Les activités fournissant les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement du cluster (p. ex. les activités spécialisées dans la construction, les équipements informatiques et les transports)
  • Les activités de support (p. ex. les activités de marketing, les activités juridiques et les activités de comptabilité)

Cette diversification sectorielle fait accroitre la valeur des multiplicateurs du fait d’un plus grand nombre d’échanges interindustriels. Les multiplicateurs représentent les retombées socioéconomiques totales pour le territoire en incorporant l’ensemble des effets directs, indirects et induits d’une dépense d’un euro dans l’achat d’un bien ou un service fabriqué localement. Plus la valeur des multiplicateurs est élevée, plus les dépenses génèrent de la richesse pour le territoire. Ainsi, une politique visant à développer un cluster dans un territoire induit un accroissement de la valeur de ces multiplicateurs.

 

La politique publique des clusters en France

La France s’est dotée d’un certain nombre d’instruments institutionnels pour promouvoir les clusters. L’association France cluster est le réseau national des clusters, elle vise à soutenir la création et le développement des clusters en France. Deux principaux types de clusters existent : les pôles de compétitivité et les grappes d’entreprises.

Les pôles de compétitivité ont pour objectif de rassembler sur un même territoire des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation. Leur mission principale est de favoriser l’émergence des projets collaboratifs de recherche entre les entreprises et les laboratoires de recherche. Les pôles de compétitivité sont donc très axés sur la R&D. Actuellement, ces pôles se concentrent davantage en aval et se focalisent sur des innovations de produits. La France compte environ 71 pôles de compétitivité.

Les grappes d’entreprises sont des groupements d’entreprises de taille modérée (PME, TPE) ayant un fort ancrage territorial. Ces entreprises sont généralement intégrées dans des réseaux comprenant des centres de formation, mais aussi des laboratoires de recherche. Contrairement aux pôles de compétitivité, elles sont moins axées sur la R&D mais davantage sur l’innovation de marché. Actuellement, il existe 126 grappes d’entreprises en France.

En parallèle de ces grands réseaux, de nombreuses initiatives sont lancées pour développer des clusters. Nous pouvons citer par exemple les clusters d’initiative régionale ou les clusters territoriaux.

Vertigo Lab travaille actuellement sur le développement de clusters dans le cadre du projet d’étude sur la transition énergétique et écologique pour le Grand Dax. Une étude socioéconomique a ainsi été réalisée afin d’identifier les forces et les faiblesses de l’économie du Grand Dax et repérer les clusters potentiels. Vertigo Lab s’intéresse également à l’essor de nouveaux ateliers d’innovation ouverte comme les Fablabs et les Livinglabs qui peuvent constituer des dispositifs innovants dans le développement de clusters.