A quelques mois de la 21e conférence climat (Paris Climat de 2015), le 5e volume du rapport sur « Le climat de la France au 21e siècle », a été remis à notre ministre de l’environnement, Ségolène ROYAL.
Ce rapport lancé en 2010 et dirigé par Jean JOUZEL, membre du Giec (Groupe d »experts Intergouvernemental sur l »évolution du climat) doit apporter les connaissances scientifiques nécessaires à la compréhension des impacts du changement climatique en France. Le 5e volume fourni notamment des éléments de prévision sur la montée du niveau de la mer : selon les projections du Giec, entre les périodes 2081-2100, l’élévation du niveau moyen mondial de la mer serait vraisemblablement comprise entre 26 et 55 cm pour le scénario le plus optimiste. La submersion marine et l’érosion côtière sont autant de processus naturels susceptibles d’être aggraver par cette élévation du niveau de la mer. Ces résultats nous amène à nous questionner sur les solutions à long terme pouvant limiter ces phénomènes. Parmi les recommandations de JOUZEL sont citées les mesures d’évitement de l’aggravation de l’exposition aux risques côtiers.
Cependant, aucun élément n’est apporté sur les mesure à développer ni sur leur nature. Les solutions basées sur la Nature, popularisées par l’UICN, repose sur l’idée que les habitats naturels fournissent des services susceptibles d’être plus efficaces pour répondre aux grands défis mondiaux du climat mais également de l’alimentation et du développement. Mais des habitats naturels peuvent-ils réellement se substituer aux politiques et grands aménagements que l’Homme aura mis des décennies à développer ? Taxe carbone pour réduire les taux de CO2 dans l’atmosphère ; digues pour limiter le phénomène de submersion marine ; brise-lames pour ralentir l’érosion du littoral ? Des solutions basées sur la nature sont-elles aujourd’hui utilisées comme alternatives aux mesures de lutte contre les effets du changement climatique? Et sont-elles plus efficaces que les mesures plus « conventionnelles »?
Cette question a été récemment abordée par Vertigo Lab. Dans le cadre de son étude sur les bénéfices des sites du Conservatoire du Littoral, Vertigo Lab s’est en effet intéressé au choix des gestionnaires du domaine de Graveyron de laisser faire la dépoldérisation contre l’opinion publique favorable à une restauration de la digue. Ce choix aura eu pour conséquence le développement d’une transition terre-mer douce basée sur la nature. Les estimations démontrent que cette dépolderisation aura permis le retour d’un prés salés dont le pouvoir d’absorption en cas de submersion marine pourrait limiter les dégâts liés à une submersion marine et ainsi réduire de 3.6 millions d’euros les coûts des dommages post submersion. En plus de se montrer souvent plus efficaces que des solutions anthropiques, les solutions basées sur la nature peuvent également être source d’économie : leur naturalité, garante d’autonomie et de résilience dans la fourniture des services, permet de réduire les coûts liés à l’intervention de l’Homme. Ces coûts dits d’opportunités sont équivalents aux coûts des infrastructures qu’il aurait fallu mettre en place pour assurer le même service en l’absence de ces solutions.
Les potentialités des solutions basées sur la nature, réaffirmées dans cet article, ne pourront cependant être mobilisées dans le futur que via une meilleure connaissance des bénéfices offerts par les services qu’ils valorisent et un maintien des écosystèmes en bon état.