La Sélection du Lab #20 – Aux Apps citoyens ! La nature a l’ère du numérique pour reconnecter société et biodiversité

Par mars 15, 2017Sélection

Chaque semaine, le Lab sélectionne un document ou projet jugé particulièrement intéressant et pertinent et le présente en quelques lignes. Cette semaine, le Lab a téléchargé et testé pour vous l’appli « Mon Jardin en Ville », l’occasion de parler Greentech et open data.

Il y a peu, la sélection du Lab se penchait sur les bénéfices des infrastructures vertes, des aménagements permettant la valorisation des services écosystémiques dans les milieux urbanisés. Si les atouts de ces infrastructures vertes face aux infrastructures classiques dites « grises » font désormais leur chemin au sein des politiques d’aménagement, leur promotion auprès des populations urbaines nécessite une vraie stratégie et des outils de communication leur permettant de comprendre et de s’approprier la de la ville. Telles sont les promesses de l’outil « Mon Jardin en Ville » [1]une application mobile dédiée à la découverte des espaces naturels en milieu urbain. A première vue, l’idée peut s’avérer divertissante bien qu’un tant soit peu limitée s’il ne s’agit que d’égrener une liste de lieux, mais son intérêt réside dans les possibilités d’utilisation qu’elle offre, tant pour l’utilisateur lambda que pour les collectivités.

Développés dans un premier temps pour les gestionnaires d’espaces verts, les municipalités, les collectivités locales, l’application et son site internet associé constituent un outil de communication appuyant une stratégie de marketing territorial, pour mettre en valeur les rues végétalisées, les parcs, les micro-potagers, les aménagements paysagers ou encore les allées arborées. Mais au-delà du simple catalogue d’aménagement, c’est dans le recours à des fonctionnalités facilitant son adoption, le co-développement et la « gamification » de ces actions en faveur de l’environnement que cet outil pourrait enclencher une spirale vertueuse d’appropriation de la biodiversité en ville. L’application peut également aider à définir des itinéraires « découverte » puisqu’elle fonctionne comme un assistant permettant de trouver un parcours adapté aux priorités de l’utilisateur (balade, rapidité, etc.). Adoptée grâce à une fonctionnalité pratique, l’application permet de placer l’environnement au cœur des habitudes quotidiennes. L’utilisateur peut ensuite apporter ses propres contributions au catalogue des sites : en photographiant et partageant un espace vert de la ville, il participe à sa reconnaissance et sa préservation et devient ainsi co-développeur de biodiversité urbaine. Enfin, comme c’est le propre de l’humain de chercher une part de jeu dans son quotidien, l’application récompense les contributeurs par un système de « badges », valorisant l’assiduité des utilisateurs et jouant sur la reconnaissance de leur implication auprès de leurs pairs. Forte de ces fonctionnalités, cette application prototype, pour l’instant uniquement disponible pour la ville de Marseille, a été récompensée par le concours open data de la région PACA. Une récompense qui démontre l’intérêt porté à la rencontre entre données ouvertes et biodiversité.

La biodiversité passe à l’Open Data

Cet intérêt grandissant devrait certainement donner des idées à d’autres développeurs pour élargir cette démarche à d’autres collectivités, en France et en Europe. En effet, pour les collectivités, ce type d’outil peut être une manière de valoriser leurs investissements dans les voiries et les infrastructures urbaines, de promouvoir leur patrimoine environnemental, et une façon de se démarquer à travers une recherche continue de créativité. Une démarcation et une diversification qui seront sans doute encouragées par la quantité croissante de données environnementales collectées chaque jour : quotidiennement, ce sont par exemple plus de 5.000 données qui sont ajoutées à l’inventaire national du patrimoine naturel du Muséum National d’Histoire Naturelle. Avec la montée en puissance des sciences participatives[2], renforcées par des  réseaux associatifs et réseaux d’espaces naturels, il n’y a jamais eu autant de données environnementales disponibles. Cela ouvre un champ très large au développement de nouveaux outils de sensibilisation mais aussi d’aide à la décision sur les questions de biodiversité.

Un mouvement qui se voit encore amplifié par le récent décret relatif à l’inventaire national du patrimoine naturel. Ce décret renforce le caractère ouvert des données de biodiversité afin de « dépasser le cercle des passionnés pour rendre accessibles ces questions au plus grand public« , explique Barbara Pompili,  secrétaire d’Etat à la biodiversité à l’occasion de la publication du décret.[3]

Encourager les développeurs à utiliser les données

« Rien ne sert d’ouvrir la donnée si on n’encourage pas les citoyens à se l’approprier » telle pourrait être la devise d’initiatives comme La Greentech, projet du Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, qui vient de conclure son deuxième appel à projets visant à encourager le développement d’applications innovantes pour la transition énergétique et la croissance verte. 51 projets sont lauréats, 51 start-ups parmi les 130 ayant candidaté et dont les projets couvraient notamment les thématiques de la biodiversité. Parmi les lauréats figuraient les applications Bio sentinelle, utilisant une technologie de réalité augmentée pour informer le grand public et impliquer les entreprises et les collectivités dans la promotion de la biodiversité sur leur territoire ; ou encore Terrazul, une plateforme web et mobile permettant le suivi de l’empreinte écologique des activités agricoles. Comme le montrent ces exemples et le recours de plus en plus fréquent aux hackathons (voir hackBiodiv) dans le développement de solutions aux problématiques environnementales, l’ouverture des données à un nombre croissant et varié d’utilisateurs et de développeurs accélère l’émergence de nouvelles applications. Celles-ci permettront peut-être de transformer nos interactions vis-à-vis de la biodiversité comme d’autres changent par exemple nos comportements alimentaires (via les applications opendata, les circuits courts deviennent plus de plus en plus accessibles) ou énergétiques, où l’open data permet d’optimiser collectivement les installations solaires (OpenSolarMap) et d’améliorer les stratégies énergétiques des territoires (ENERGIF ROSE). Oui, l’ouverture des données permet l’émergence d’outils numériques favorisant la transition vers des comportements plus écologiques, vertueux et positifs !

A travers ses nombreuses missions, Vertigo Lab observe, répertorie et s’inspire des nouveaux usages du numérique pour les mettre au service d’une économie de la transition. Les études menées sur la réduction du gaspillage alimentaire, la valorisation des services écosystémiques ou encore les plans climat-air-énergie territoriaux sont autant de sujets qui présentent de nombreuses opportunités d’utilisation de données ouvertes, ou de l’ouverture plus large des données disponibles. Un domaine sur lequel Vertigo Lab est prêt à agir !

[1] Mon Jardin en Ville est téléchargeable sur le site web de l’appli : http://www.mon-jardin-en-ville.fr/.

[2] Voir par exemple le projet Biolit de planetemer.org où des observations environnementales de citoyens, chercheurs, écoles et leurs élèves sont regroupées pour mieux protéger le milieu marin ou encore le projet Oboradar, une cartographie participative des observations de méduse en Espagne http://oboradar.com/

[3] A lire : Les données des études d’impact sur la biodiversité : bientôt en libre accès – actuenvironnement.com