Chaque semaine, le Lab sélectionne pour vous une actualité jugée particulièrement intéressante et pertinente et la présente en quelques lignes. Cette semaine, le Lab s’intéresse au Fonds Vert pour le Climat (Green Climate Fund) qui a fait l’objet d’une infographie réalisée par CliMates, think tank étudiant international pour l’innovation climatique.
Les premiers projets financés par le Fonds Vert pour le Climat (cliquez ici pour accéder à l’infographie complète).
Le Fonds Vert pour le Climat (ou Green Climate Fund, GCF en anglais) trouve son origine dans la promesse faite lors de la conférence de Copenhague (COP15, 2009) par les pays développés de participer au financement de projets d’adaptation et d’atténuation du changement climatique dans les pays en développement. Le financement devrait atteindre 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. Cet engagement répond à l’un des principes fondamentaux (et encore discuté) des négociations climatiques, celui d’une « responsabilité commune mais différenciée » de tous les pays dans le réchauffement climatique, avec des émissions historiquement plus importantes pour les pays industrialisés qui doivent donc aujourd’hui aider les autres pays à se développer de façon durable. [1]
La création du Fonds Vert pour le Climat a été actée en 2010 à Cancun (COP16) sous la forme d’une entité opérationnelle émanant de la CCNUCC, la Convention Cadre des Nations-Unis pour les Changements Climatiques, et dont le siège est situé à Songdo, en Corée du Sud. Le Fonds Vert pour le Climat a vocation à mettre en œuvre les mécanismes financiers de la Convention et à devenir le destinataire de référence des 100 milliards de dollars annuels, aux côtés d’autres fonds et banques de développement. L’accord de Paris (COP21) prévoit que ces financements augmentent, avec un premier rendez-vous prévu en 2025 pour prendre de nouveaux engagements en faveur des pays les plus pauvres. Par ailleurs, les pays en développement peuvent désormais participer au Fonds de façon volontaire : la Mongolie, le Vietnam, la Colombie, le Mexique et d’autres ont déjà annoncé des contributions. [3]
Jusqu’à présent, les promesses de financement émanent d’une quarantaine d’Etats, Régions et Villes et représentent 10 milliards de dollars par an. Une somme importante, mais encore loin de l’objectif à atteindre. Toutefois, les investissements totaux des pays industrialisés pour le développement durable des pays moins avancés sont évalués par l’OCDE à 62 milliards de dollars en 2014, contre 52 milliards en 2013. [2] Une dynamique encourageante, même si les méthodes de calcul utilisées sont fortement critiquées par certains pays en développement, notamment l’Inde. [4] En effet, les investissements pris en compte dans l’étude sont souvent des prêts et non des dons, voire des crédits à l’export dont il est difficile de mesurer la véritable plus-value environnementale. La qualification de « projet climat » est aussi largement utilisée pour des enjeux de communication, sans toujours répondre à des critères rigoureux de caractérisation. [5]
Dans le détail, les plus gros contributeurs au Fonds Vert pour le Climat ramenés à leur population sont le Luxembourg (94 $ / habitant), la Suède (60 $ / habitant) et la Norvège (50 $ / habitant). La France est à la 6ème position de ce classement (16 $ / habitant) et Paris est la première ville à s’être engagée de façon indépendante, à hauteur de 1,3 millions de dollars. [6]
En novembre 2015, 8 premiers projets ont été validés au Sénégal, au Malawi, aux îles Fidji, au Bangladesh, au Pérou … et concernent aussi bien l’adaptation que l’atténuation au changement climatique. La contribution du Fonds Vert pour le Climat permet de lever des fonds publics et privés importants, et ne représente finalement que 13 % du budget global de ces projets : 1 € investi par le Fonds correspond à presque 7 € investis par d’autres acteurs ! Cet effet de levier est connu mais son efficacité réelle est débattue : comment être certain que les projets n’auraient pas été réalisés sans l’intervention du Fonds ? De plus, un fort effet de levier pour le financement ne se traduit pas nécessairement par de plus fortes réductions des émissions de C02. [7] En dépit de ces interrogations, les 100 milliards de dollars par an sont susceptibles de stimuler plus globalement la conception et le financement de projets d’intérêt climatique. [8]
L’histoire du Fonds Vert pour le Climat n’en est donc qu’à ses débuts. Son efficacité dépendra largement de sa capacité à atteindre son objectif initial et à faire respecter les engagements des donateurs sur le long terme, sans pour autant remplacer les initiatives nationales déjà existantes : le Fonds Vert pour le Climat ne peut pas se contenter d’être un simple canalisateur d’investissements. La transparence pour la gestion des montants dépensés et sur les résultats concrets des projets financés est un autre enjeu majeur pour pérenniser le dispositif et la confiance des acteurs qui s’y engagent.
[1] L’accord de Copenhague, Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-Accord-de-Copenhague,21485.html
[2] L’élan du financement climatique est donné, OCDE, http://www.oecd.org/fr/presse/l-elan-du-financement-climatique-est-donne.htm
[3] Plus de détail sur l’accord de Paris, COP21, http://www.cop21.gouv.fr/decryptage-de-laccord/
[4] India questions OECD claim on climate finance, The Hindu, http://www.thehindu.com/news/national/oecd-report-on-climate-change-fund-flows-flawed-finance-ministry/article7930104.ece
[5] OCDE estimates climate finance flows at $60 billion, Climate Home, http://www.climatechangenews.com/2015/10/07/oecd-estimates-climate-finance-flows-at-60-billion/
[6] Contributions au Fonds Vert pour le Climat par Etat, Région et Ville, http://www.greenclimate.fund/contributions/pledge-tracker
[7] Private leverage achieved by different instruments varies depending on the definition and context, World Economic Forum, http://reports.weforum.org/green-investing-2013/leveraging-private-investment/
[8] Negographics #2, CliMates, https://studentclimates.files.wordpress.com/2016/05/gcf-negographics.jpg