Chaque semaine, le Lab sélectionne pour vous une actualité jugée particulièrement intéressante et pertinente et la présente en quelques lignes. Cette semaine, le Lab s’est penché sur le projet PUKATAI, dans les Marquises en Polynésie française, premier réseau d’aires marines protégées éducatives au monde.
« Les enfants ne sont pas des vases que l’on remplit, mais des feux que l’on allume » Montaigne.
Dans un contexte global de forte contrainte budgétaire, les gestionnaires d’aires marines protégées doivent aujourd’hui redoubler d’efforts pour garantir la mise en œuvre effective des mesures de conservation de la biodiversité marine.
En Polynésie Française, le projet PUKATAI a pu tester l’efficacité d’un nouveau modèle de gestion collaboratif du milieu marin alliant conservation de la biodiversité et éducation à l’environnement : les aires marines protégées éducatives.
A la suite d’une campagne océanographique qui s’était déroulée en 2012 dans l’archipel des Marquises et avait comporté un volet de sensibilisation des élèves marquisiens à la biodiversité marine, ces derniers avaient exprimé le souhait de devenir les responsables de la gestion de leur propre aire marine protégée, dans la baie située en face de leur école. Avec l’appui des acteurs locaux, de l’Agence des aires marines protégées et du gouvernement polynésien, le concept d’aire marine éducative (AME) est ainsi lancé en 2013 avec l’école primaire de Vaitahu sur l’Ile de Tahuata, aux Marquises.
Depuis, cinq autres aires marines éducatives ont vu le jour dans les Marquises et se sont fédérées autour du projet PUKATAI. La réalisation des états écologiques des 6 AME, la mise en place de conseils de la mer, le développement de sentiers littoraux et marins sont autant d’actions de gestion réalisées ou programmées qui contribuent à la sensibilisation et à l’éducation à l’environnement des enfants engagés dans le projet. Pour encourager la création d’autres AME, un label « aire marine éducative »devrait également être développé, il récompensera les écoles qui s’engagent dans ce processus.
Ce mode de gestion ne pourra certainement pas justifier que les gouvernements se déchargent de leurs obligations morales en matière de conservation de la biodiversité : les financements nationaux doivent être renforcés. Cependant, les AME pourront probablement appuyer les gouvernements dans leur processus d’expansion et de renforcement des réseaux nationaux d’aires marines protégées. Car, comme la nature dont les capacités de résilience reposent sur la diversité des écosystèmes, engager la diversification de nos systèmes de gestion est le seul moyen d’arriver à construire des réseaux d’AMP capables de s’adapter aux changements globaux qui s’opèrent également dans notre société.
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet RESCCUE en Polynésie Française, Vertigo Lab travaille actuellement avec l’Agence des Aires Marines Protégées sur l’évaluation ex ante des coûts de création et de gestion d’une Aire Marine Protégée dans les Marquises. Cette évaluation doit appuyer le gouvernement polynésien dans la mise en œuvre des activités envisagées pour la conservation de sa biodiversité marine. Pour en savoir plus sur cette mission, cliquez ici.