Chaque semaine, le Lab sélectionne pour vous un document jugée particulièrement intéressante et pertinente et la présente en quelques lignes. Cette semaine, le Lab s’est penché sur les bénéfices qu’offrirait la mise en place d’un revenu de base versé en monnaie locale, idée soutenue notamment par Alexis Flot. [1]
Les avantages d’un revenu de base versé en monnaie locale
Et s’il était possible de garantir un revenu minimal à tous les citoyens, tout en dynamisant les territoires ? C’est le pari que font les partisans du revenu de base versé en monnaie locale.
L’instauration d’un revenu de base consiste au versement d’une indemnité universelle et inconditionnelle à chacun, indépendamment des autres revenus ou de la situation familiale. Ce dispositif vise à offrir des conditions de vie dignes à tous et à donner le choix à chaque individu de s’engager dans des activités auxquelles il donne du sens, qu’elles soient productives économiquement ou non. Le revenu de base remet donc l’Homme au centre de la société. [2]
Mais, outre l’épineuse question de son financement, ce dispositif soulève plusieurs questions :
- L’augmentation brusque du revenu de chacun ne risque-t-elle pas de stimuler l’inflation, et donc de réduire l’intérêt du dispositif ?
- L’attractivité accrue d’un territoire qui mettrait en place un revenu de base ne peut-il pas provoquer un mouvement massif d’immigration (y compris au sein du même pays) ?
- Sans contrôle de l’utilisation de ce revenu, est-il possible de garantir au territoire des retombées locales positives ?
Pour répondre à ces enjeux, certains proposent le versement du revenu de base en monnaie locale, c’est-à-dire une monnaie parallèle à l’euro utilisable uniquement dans une zone géographique déterminée. On peut ainsi imaginer des revenus de bases versés (entièrement ou en partie) en monnaies régionales ou départementales dont le montant pourrait varier selon le niveau de vie de chaque territoire.
Les produits et services achetables avec cette monnaie locale pourront être soumis à un contrôle strict imposant par exemple de ne faire intervenir que des acteurs locaux, des matières premières locales, de respecter l’environnement … Ces critères pourraient être définis par chaque région ou département en fonction de leurs besoins spécifiques. Ce nouveau pouvoir d’achat en monnaie locale inciterait fortement les producteurs à respecter le cahier des charges défini et donc à relocaliser leurs activités et réduire leurs pollutions pour répondre à cette forte demande.
L’enjeu démographique lié à une immigration importante serait également limité par la faible attractivité que représente un revenu utilisable uniquement sur le territoire pour un non résident. Si elle augmente tout de même, l’immigration sera de toute façon bénéfique à l’économie locale en stimulant encore la demande en produits et services locaux. Les territoires ruraux pourraient aussi bénéficier d »un rebond démographique salutaire.
Les monnaies locales sont encore peu développées en France (il y en aurait une trentaine), mais le concept séduit de plus en plus de collectivités. Il faut toutefois veiller à ce que ces initiatives ne soient pas utilisées pour constituer des communautés étanches en favorisant l’entre-soi voire le régionalisme. [3]
Si des études économiques plus précises sont encore nécessaires pour vérifier et estimer concrètement les bénéfices associés au versement d’un revenu de base en monnaie locale, et pour déterminer s’il est préférable de conserver ou non une partie versée en euros, l’idée est en soi prometteuse pour assurer à la fois des conditions de vie dignes pour tous les individus et un regain de dynamisme économique pour tous les territoires.
En lien avec ces thématiques, Vertigo Lab travaille actuellement avec l’ADEME sur l’évaluation des impacts environnementaux des monnaies locales et complémentaires à vocation environnementale. Pour en savoir plus sur cette mission, cliquez ici.
